Mondrian serait-il Mondrian sans Saint-Laurent ? Le peintre, figure de l’abstraction et des formes géométriques, bénéficierait-il de la même aura sans le génie du couturier ? On ne le saura jamais. Ce qui est certain, c’est que Yves Saint-Laurent a largement popularisé l’œuvre du peintre néerlandais. Comment ? En assimilant son travail et en en proposant une interprétation textile.
Car aujourd’hui, on a tous en tête la robe Mondrian de Saint-Laurent. Dessinée en 1965 par le couturier français, celle-ci se caractérise par une coupe courte et droite. Sans manches, elle est pourvue de motifs géométriques, traits épais noirs et carrés colorés (rouge, bleu ou jaune). A l’époque, la presse qualifie la création de Saint-Laurent de « révolutionnaire ». Elle est notamment publiée à la Une du magazine Elle, en septembre 1965, ainsi qu’en couverture de Harper’s Bazar et du Vogue français.
Piet Mondrian est né en 1872, à Amsterdam, et décédé en 1944, à New York. S’il est reconnu comme l’un des pionniers de l’abstraction, la première rétrospective de son œuvre n’a lieu qu’en 1969, au musée de l’Orangerie, à Paris. Soit quatre ans après la création de la fameuse robe Mondrian de Saint-Laurent qui est, en elle-même, une œuvre d’art.
D’une apparente simplicité, elle est, en réalité, très complexe à confectionner. En jersey, elle est assez rigide. Pour incruster les bandes noires, il a fallu inventer une technique pour qu’elles soient cousues, sans pour autant que la démarcation ne se voie. Une sorte de patchwork, en somme.
Aujourd’hui, la robe Mondrian est un véritable symbole des années 60. Elle a été largement copiée dans la culture populaire. Pour l’anecdote, Yves Saint-Laurent et son conjoint Pierre Bergé feront l’acquisition, en 1978, de la toile Composition avec bleu, rouge, jaune et noir de Mondrian. Quant aux robes, elles ont fait l’objet d’un défilé lors de l’exposition universelle de 1992, à Séville. Enfin, un défilé rétrospectif a été organisé, en 2002, lorsque Yves Saint-Laurent a stoppé ses activités de haute couture, avant d’être rééditée.