Le mouvement zazou est un courant de mode né en France en 1940. Alors que la guerre fait rouge, le jazz et le swing font leur grande entrée dans l’Hexagone. Férus de cette musique anglo-saxonne, les porteurs du mouvement zazou le revendiquent haut et fort, et arborent un style vestimentaire de dandys, à l’instar de leurs homologues américains. Voici comment et pourquoi est né le mouvement zazou.
De nombreuses légendes circulent autour de l’origine du nom zazou. Tous s’accordent à dire qu’il vient des Etats-Unis, mais certains racontent qu’il s’agirait d’une transformation de la chanson « Zah Zuh Zah » du jazzman Cab Calloway. D’autres encore stipulent mordicus que le mouvement zazou viendrait des célèbres onomatopées lancées par les chanteurs afro-américains durant leur « skat », et notamment le chanteur Freddy Taylor. Ce dernier aurait ainsi importé la mode vestimentaire du dandy.
Alors que la France est déchirée en deux, entre les collaborateurs et les résistants, les défenseurs du mouvement zazou s’attachent clairement à la deuxième mouvance politique. Ils sont considérés comme des étudiants « crasseux et dégénérés », vénérant des chanteurs noirs et troublant ainsi la morale bien-pensante et l’ordre public. Jouant de ces accusations, les « zazistes » aiment l’esprit de contradiction et adoptent un comportement « je m’en foutiste ». On appelle ça « être swing », c’est-à-dire ne rien prendre au sérieux, être anti-conformiste et fréquenter les bars assidûment.
Pour s’exprimer librement, ils se cachent la plupart du temps dans les cinémas, les caves ou les fêtes clandestines, mais il n’est pas rare de les retrouver dans certains lieux de prédilection comme le « Boul’Mich » (Boulevard Saint-Michel) ou les bars des Champs Elysées.
Cette attitude provocatrice leur vaudra bien des ennuis auprès du mouvement vichyste Jeunesse Populaire français. Ce dernier part à la chasse aux zazous à travers l’Hexagone : faute de ne plus pouvoir dénoncer les juifs en cavale à partir de 1942, ils trouvent un nouveau bouc-émissaire et brutalisent plus d’un partisan du mouvement. Les zazous devront alors se terrer dans les salles de danse, attendant la fin de la guerre. Cela ne les empêchera pas de danser le swing à foison !
Femmes et hommes du mouvement zazou s’inspirent très clairement du style américain de cette époque. Les femmes portent des lunettes noires, se tressent les cheveux ou bien laissent tomber leurs boucles sur leurs épaules, et se maquillent la bouche d’un rouge vermillon. Leurs jupes sont courtes, plissées et leurs vestes à épaulettes. Sans oublier la petite touche sexy : elles font scandale avec leurs bas rayés ou à résilles, accompagnés de semelles compensées en bois coloré.
Les hommes, quant à eux, entretiennent savamment leurs cheveux dans le cou dans un désordre organisé, et portent la moustache à la Clark Gable. Ils sont vêtus d’une veste de tricot sans revers, d’un pantalon rayé et des chaussures à semelles trop épaisses, qui leur donnent une démarche de voyou. Ce style fait écho aux impératifs du régime vichy : leurs vêtements sont trop longs alors que le tissu est rationné, tout comme leurs cheveux, alors qu’il s’agit à l’époque d’une matière première utilisée pour la confection de pantoufle.
Le comble du chic pour un zazou ? S’équiper d’un parapluie que l’on n’ouvre jamais.
Férue des codes vestimentaires des années 40, Mam’Zelle Swing dispose de nombreux vêtements associés au mouvement zazou dans sa boutique. Venez y faire un tour !