Jouissant d’une réputation internationale, la dentelle de Calais est le fruit d’un savoir-faire séculaire, qui nous vient tout droit de nos voisins d’Outre-Manche. Voici comment est né ce tissu mondialement connu, qui révolutionna l’industrie de la mode au XIXe siècle.
Au début du XIXe siècle, l’Angleterre est en proie à des mouvements sociaux dirigés contre les fabricants de tulle. Face à ce climat hostile, trois fabricants décident de quitter Nottingham avec leurs métiers circulaires pour faire fortune à Calais. Ce sont en effet les seuls à pouvoir fabriquer une tulle en coton à maille hexagonale régulière.
Bien que ce tissu ait le vent en poupe dans l’Hexagone, il ne peut être commercialisé car la France étant alors sujette à un fort protectionnisme. Pour palier à cette difficulté, il faut donc introduire sa marchandise par la contrebande. C’est précisément ce que font nos trois fabricants de Nottingham en 1816, en introduisant illégalement des métiers à tisser et du coton filé.
L’un d’entre eux, un dénommé Leavers, a la brillante idée de s’inspirer du système Jacquard (un métier à tisser reposant sur l’utilisation de cartes perforées) et du procédé mécanique de John Heathcoat (inventeur du métier à tulle) pour créer des machines capables de réaliser de la dentelle, imitant celle faite à la main. Avec la collaboration des mécaniciens Ferguson et Martyn, il créé le premier métier Leavers, confectionneur de dentelle.
Cette création inédite ne tarde pas à faire de Calais et son modeste faubourg Saint-Pierre la capitale de la dentelle mécanique.
La dentelle de Calais fut d’abord produite en tissu très fin doté de petites mouches. Puis, elle prit l’aspect de tulles aux petits motifs répétitifs, nommées tulles lamées.
Avec le perfectionnement de la fabrication, on fut ensuite en mesure de créer des dentelles avec des décorations variées. Le métier Leavers était alors le seul à pouvoir souligner mécaniquement le motif à l’aide de gros fils appelés « brodeurs ». Un savoir-faire d’autant plus renforcé par l’usage de la vapeur à partir de 1840.
Aujourd’hui actionné par des moteurs électriques, le métier Leavers permet à la fois de produit un tissu solide et très fin. Ainsi, la dentelle Leavers a l’avantage de ne pas se détricoter si on la coupe. Son aspect est très similaire à celui de la dentelle réalisée au fuseau, dont la fabrication est plus fastidieuse car elle nécessite un examen scrupuleux au compte-fil.
Pour tout savoir sur le procédé de ce précieux matériau, rendez à vous à la Cité de la dentelle et de la mode à Calais ! Au programme : des expositions inédites sur ce tissu très prisé ainsi que des explications détaillées sur sa méthode de réalisation. D’ailleurs, chez Mam’Zelle Swing nous aussi, nous raffolons de la dentelle de Calais.