On l’appelait la muse de Saint-Germain-des-Prés. Juliette Greco, la « Jolie Môme », du nom de l’un de ses titres les plus célèbres, est née le 7 février 1927, à Montpellier, et s’est éteinte il y a quelques mois, le 23 septembre 2020, à l’âge de 93 ans, à Ramatuelle. Juliette Greco, avec sa minceur, ses cheveux noirs de jais et son regard profond, aura marqué son siècle.
Petit rat de l’opéra de Paris à 13 ans, elle est ensuite emprisonnée pendant la Seconde Guerre mondiale à la prison de Fresnes, alors que sa mère et sa sœur sont déportées. Juliette Greco est libérée en 1942. Elle débute sa carrière après la Seconde Guerre mondiale, dans les caves de Saint-Germain-des-Prés, le quartier culturel et bouillonnant de la Rive Gauche, à Paris. Là, elle rencontre les plus grands. Boris Vian. Jean-Paul Sartre. Simone de Beauvoir. Raymond Queneau. Jacques Prévert. Bref, tout le gratin intellectuel français ! Elle chante des chansons écrites justement par Vian, Prévert ou Sartre. Sa voix chaude et sensuelle envoûte le public. Le succès est déjà au rendez-vous.
En 1949, elle joue dans le film Orphée, de Jean Cocteau. Cette même année, elle noue une liaison avec Miles Davis, trompettiste noir américain. Leur histoire fait scandale, mais cela n’ébranlera ni les convictions, ni l’amour de Juliette, militante antiraciste convaincue. D’ailleurs, le premier titre qu’elle enregistre, en 1951, est révélateur de sa personnalité. Il s’intitule : Je suis comme je suis ! Elle chante également Je hais les dimanches, chanson écrite par Charles Aznavour.
1953. Juliette Greco épouse le comédien Philippe Lemaire. De cette union naîtra une fille, Laurence-Marie. Le couple divorce dès 1956. Elle tourne ensuite plusieurs films à Hollywood avant de rentrer en France en 1961. Elle se produit à Bobino. C’est là que le public découvre le mythique Jolie Môme, de Léo Ferré, ou La Javanaise, de Serge Gainsbourg. 1965 : elle épouse l’acteur Michel Piccoli. Une année décidément faste puisque c’est également en 1965 qu’elle interprétera Belphégor, le fantôme qui hante le musée du Louvre. En 1968, elle ose une chanson devenue culte : Déshabillez-moi.
A la fin des années 60, elle entame une collaboration qui durera 40 ans avec le pianiste de Jacques Brel, Gérard Jouannest, qu’elle épousera en 1989. Si la carrière de Juliette Greco est un peu moins flamboyante dans les années 70 et 80, la môme de Saint-Germain-des-Prés continuera de chanter dans de grandes salles, aussi bien en France qu’à l’étranger. Elle ne fera ses adieux à la scène qu’en 2016. Elle est aujourd’hui entrée au Panthéon des plus grandes interprètes.